Pendant la première moitié du XIXe siècle, la vague romantique favorise un mouvement de redécouverte et de valorisation des vieilles gloires et langues “nationales” qui a des retentissements partout en Europe. Cette redécouverte s’insère dans le « grand conflit qui déchire, réinterprète, redistribue les usages linguistiques en Europe depuis la fin du XVIIIe siècle », c’est-à-dire « la guerre menée par les institutions de l’état pour imposer à la masse parlante les langues officielles normées contre les parlers variables et anomaux » [1] . En effet, au cours du XIXe siècle, la langue devient, entre les mains de l’élite politique, un instrument incontournable pour exercer le pouvoir. Signe par excellence du caractère originaire d’une nation qui, selon la théorie de Herder, exprime la forme la plus pure de son génie à travers sa littérature, la langue constitue l’enjeu essentiel pour toute élite dominante. Premier pas vers le réveil politique de toute communauté qui se veut nationale, la “renaissance” littéraire est chargée de mettre en valeur la dignité littéraire de la langue du peuple en question, avant que cette même langue ne se transforme en vecteur de revendications ethniques, sociales et politiques.
En France, le ralentissement du processus d’assimilation centralisateur entraîné par le romantisme favorise les cultures dominées qui trouveront un nouvel élan dans le cadre des renaissances (occitane, bretonne, basque), mais aussi des limites à leur appartenance pluriséculaire aux territoires français. En même temps, l’intérêt pour les langues anciennes et l’introduction des études comparatives en linguistique vont lentement prendre la place de la grande tradition de la grammaire raisonnée.
Dans cet article il sera question de la période qui précède la renaissance littéraire en langue d’oc en France, celle qui voit l’essor des études romanes, et qui s’accompagne à la valorisation romantique du Moyen Age occitan.
Au début du XIXe siècle, historicisme et exotisme satisfont le besoin romantique d’évasion du réel, à la fois dans l’espace et dans le temps [2] . Cette curiosité romantique pour l’histoire et les pays exotiques, l’intérêt pour le folklore et la poésie populaire donnent naissance à d’importantes études sur les langues. L’intérêt pour l’histoire et les parlers locaux est vif surtout dans les académies provinciales du sud de la France, où l’on maintient des connaissances sur l’histoire et le rôle de l’occitan [3] et où l’on se questionne sur le sort probablement différent qui attend la langue d’oc et la langue d’oïl[4] .
François-Juste-Marie Raynouard (1761-1836), Antoine Fabre d’Olivet (1767-1825), Henri-Pascal de Rochegude (1741-1834), contribuent par leurs travaux à redonner dignité et honneur à la langue des troubadours.
Les questions que soulèvent ces trois savants – héritées en partie des travaux antérieurs (Lacurne, Sauvages...), mais renouvelées par le contexte de leur époque –, forment le cadre dans lequel va se développer la romanistique française. Elles concernent :< /p>
1) la question du nom. Nommer la langue signifie construire l’objet de la romanistique. Et c’est bien là qu’on va se battre. Car, la dénomination d’Oc est donnée à une langue unique qui correspond à un territoire historique.
On retrouve assez souvent les noms de “langue d’oc” et de “langue provençale” utilisés indifféremment, mais toujours en opposition à “langue d’oïl”. Généralement, les auteurs qui utilisent le terme de langue d’oc semblent avoir une conscience plus nette du domaine géographique de l’occitan et de l’unité de la langue, au-delà de ses différences dialectales, parfois très considérables. La controverse sur le nom de la langue divisera les esprits et fera couler beaucoup d’encre, jusqu’au XXe siècle. Et si, de son côté, Raynouard opte pour le terme trop générique de langue romane, le choix entre les deux noms (ou même celui entre eux et le provençal, un des dialectes de la langue d’oc ou plutôt une langue à part) reste ouvert.
2) la question du “statut” : la langue d’oc, est-elle une langue ou un dialecte ? Selon l’abbé Sauvages (1710-1795), naturaliste et lexicographe français, « le mot patois est un terme général qu’on applique aux différents jargons grossiers & rustiques que parle le bas peuple, soit dans les Provinces, soit dans la Capitale ». Le languedocien, « quoique négligé & en partie dégénéré », est une langue à part, qui a ses termes propres, sa syntaxe et sa prononciation entièrement étrangères au français [5] .< /p>
Si, pour Sauvages, la qualification de l’occitan comme langue est donc incontestable, au cours du XIXe siècle la question de la définition de ce qu’est une langue prendra une nouvelle envergure.
3) la troisième question concerne les « raisons pour la bipartition linguistique de la France et le sort différent que les langues ont subi », question à laquelle se rattache celle de l’unité ou de la multiplicité de la langue d’oc [6] . Elle est en stricte relation avec les enjeux académiques et politico-sociaux (“nationaux”) qui évoluent dans le temps et qui culmineront avec la Société des langues romanes.
François-Just-Marie Raynouard (1761-1836), provençal de Brignoles, est généralement considéré comme l’initiateur des études romanes avant leur institutionnalisation de la part du philologue allemand Friedrich Christian Diez (1794-1876). Créateur d’une nouvelle érudition philologique grâce à ses recherches sur les origines de la langue des anciens troubadours, Raynouard est défenseur de la thèse d’une langue romane unique d’où sortiront plus tard les différentes langues du Midi de l’Europe. En particulier, il attribue au provençal une place spéciale dans la formation des langues romanes, en identifiant le provençal à une « ancienne langue commune romane » de laquelle se seraient détachées, comme d’une branche mère, les autres langues romanes, à savoir le français, l’italien, l’espagnol et le portugais [7] . Avocat, poète, auteur dramatique, il est aussi membre de l’Institut Royal de France et de la Commission du Dictionnaire, dont il sera nommé secrétaire perpétuel en 1817.
Auteur d’ouvrages fondamentaux sur la langue et la littérature provençales, notamment de La grammaire romane, ou grammaire de la langue des troubadours, suivie par le premier volume de sa collection Choix des poésies originales des troubadours (1816), Raynouard est le premier à employer l’adjectif “roman” pour désigner l’ancien occitan. Ce n’est que dans son Lexique roman ou Dictionnaire de la langue des troubadours, qui sera publié à titre posthume à Paris en six volumes de 1836 à 1844, que Raynouard pratique une distinction entre la « langue romane primitive » et la langue d’oc, « définie comme étant le premier idiome roman constitué en langue littéraire » [8] . Il s’agit d’une œuvre aux justifications exclusivement historiques : sa recherche des origines de la langue dans les œuvres éparses et tronquées des anciens troubadours « permet de reconnaître la dignité de la langue grâce au prestige des œuvres passées »[9] .
Dans l’« Introduction » de son Choix des poésies originales des troubadours, Raynouard rassemble « les traditions historiques et les preuves matérielles qui attestent l’existence de la langue romane à des époques très reculées », il remonte à son origine et à sa formation, il offre les éléments de sa grammaire avant l’an 1000, et il donne enfin « les règles complettes [sic] de cette langue perfectionnée et fixée dans les ouvrages des Troubadours » [10] . Son but : démontrer l’antériorité de la langue romane sur toutes les autres langues provenant du latin.
Ce n’est pas la connaissance de la littérature troubadouresque qui fait la nouveauté de l’apport de Raynouard et de ses contemporains, mais l’attention donnée aux textes pour eux-mêmes. Antérieurement, la littérature médiévale était étudiée en tant que littérature et, par conséquent, le texte était considéré comme superflu et l’œuvre rapportée en langage contemporain. Il y a une différence substantielle, par exemple, entre l’Histoire littéraire des troubadours de Jean-Baptiste de Lacurne de Sainte-Palaye (1697-1781), publiée en 1774, et le Choix des poésies originales des troubadours de Raynouard. Une différence que Raynouard souligne lui-même en choisissant le terme « originales » dans le titre de son ouvrage pour indiquer clairement que les poésies sélectionnées sont publiées en vieux provençal – langue dans laquelle elles avaient été écrites –, mais aussi qu’elles ont été collectées sur les manuscrits eux-mêmes[11] .
L’ouvrage et les thèses de Raynouard seront très critiqués par les linguistes allemands Wilhelm von Schlegel et Frédéric Diez, dont la méthode et les buts de recherche vont dans une direction totalement opposée [12] . Dans ses Observations sur la langue et la littérature provençales (1818), August-Wilhelm von Schlegel, réfute la thèse formulée par Raynouard selon laquelle la langue romane serait un “intermédiaire” entre le latin et les diverses langues modernes qui en dérivent [13] . Tout d’abord, il lui critique le choix du terme “langue romane” pour désigner la langue des Troubadours : tandis que les noms de langue provençale, limousine, catalane, qu’on lui a donnés « sont trop étroits, parce qu’ils n’embrassent qu’une des provinces où elle était indigène », le nom de langue romane est trop générique et indéfini, puisqu’il s’adapte à toutes les langues populaires parlées dans les provinces occidentales de l’empire romain.
En revanche, Schlegel concorde avec Raynouard sur le fait « que l’origine des dialectes romans est beaucoup plus ancienne qu’on ne l’a supposé communément » et aussi sur le fait qu’en France la séparation des deux dialectes a dû commencer très tôt, probablement dès le dixième siècle. Néanmoins, pour Schlegel, on ne peut pas affirmer, comme Raynouard le fait, que l’italien, l’espagnol et le portugais sont nés d’une transformation de la langue romane telle qu’on la parlait dans le Midi de la France. Cela serait contredire les fondements de l’histoire des langues, selon lesquels les langues « qui sont nées de la corruption d’une autre langue s’éloignent toujours davantage de leur original par l’effet du temps, jusqu’à ce que la culture littéraire les fixe. Or, observe Schlegel, l’italien et l’espagnol sont bien visiblement plus près du latin que le provençal »[14] . Il considère donc que les diverses langues romanes sont issues directement du latin. Cependant, en réfutant la thèse de Raynouard selon laquelle la « cohérence géographique du latin classique implique la cohérence de la langue romane primitive », Schlegel s’engage dans une voie toute aussi incertaine quand il soutient que les langues médiévales devaient posséder une cohérence comparable aux langues modernes. Schlegel, tenant de la thèse de l’identité entre nation et langue, néglige le fait que la langue provençale n’a jamais correspondu à une unité politique historique et que, d’autre part, les manuscrits des troubadours étaient copiés dans le Midi de la France, aussi bien qu’en Italie, en Catalogne et dans le Nord de la France.
Schlegel coïncide aussi avec Raynouard sur l’impossibilité de fournir une traduction adéquate à la poésie des troubadours car, loin de rentrer dans les canons anciens de beauté, la poésie des troubadours a une vocation et un pouvoir d’attraction locaux plutôt qu’universels. Elle est en outre difficilement imitable, vu le caractère très particulier de la vie de l’époque. Mais Schlegel soutient aussi l’inimitabilité de la poésie provençale ancienne parce qu’il est convaincu que la langue est surtout une source privilégiée de culture et que, par conséquent, sa structure détermine le sens ultime de la poésie [15] .
Bien que la théorie de la primauté du provençal sur les autres langues romanes ait été aujourd’hui complètement réfutée, l’œuvre de Raynouard garde une place importante dans l’histoire des idées linguistiques. Ses recherches, en plus de marquer l’essor des études romanes, marquent une évolution par rapport aux recherches dialectales françaises du début du siècle, du fait de l’attention portée par Raynouard sur la langue des troubadours plutôt que sur la littérature. D’autre part, l’importance toute nouvelle donnée à l’analyse comparative et historique de la langue représente à la fois « une claire rupture avec la tradition classique de l’étude de la grammaire générale qui s’était développée en France depuis le XVIIIe siècle », mais aussi l’inclination à abandonner progressivement l’intérêt purement pittoresque pour la langue médiévale en faveur d’une tentative « d’intégrer des modèles systématiques d’échange historique dans la vision dominante de la langue » [16] .
Dans le contexte français de l’époque, où la tradition épistémologique issue des Lumières domine toujours, l’ouvrage de Raynouard joue donc un rôle novateur en se plaçant à l’avant-garde des études linguistiques et littéraires. En outre, grâce à son drame historique Les Templiers (1805) et à sa volonté de réhabiliter ces chevaliers médiévaux mythiques, il se situe pleinement dans le courant romantique de l’époque. à cette époque, en effet, la France n’a pas encore été touchée par ce grand courant d’idées incarné par le romantisme. Son parcours historique particulier, marqué de manière indélébile par l’expérience de la Révolution et de l’Empire, explique pourquoi le débat autour du romantisme se développera ici seulement à partir de la moitié des années 1820. Du moment que la science philologique moderne est une émanation directe de l’idée romantique de nation et de sa fascination pour le passé – le “passé” permettant en effet de concilier la fugue dans l’espace et dans le temps –, le retard avec lequel les idées romantiques arrivent en France est une des raisons pour lesquelles la philologie nationale française prendra son plein essor seulement dans la deuxième moitié du siècle [17] .
L’ouvrage de Raynouard est également critiqué par Antoine Fabre d’Olivet (1767-1825), qui lui reproche de ne pas distinguer « deux dialectes dans la langue romane, celui d’oui et celui d’oc ». Je suppose que, si le Lexique Roman de Raynouard, au lieu d’être publié posthume, en 1836, avait été publié avant, le reproche de Fabre d’Olivet n’aurait pas eu lieu. En effet, étant donné que c’est dans cet ouvrage que Raynouard fait une distinction claire entre la « langue romane primitive » et la langue d’oc, l’opinion de Fabre d’Olivet semblerait avoir été provoquée par un malentendu, plutôt que par une divergence d’opinion en ce qui concerne la dénomination de la langue [18] .
Issu d’une famille bourgeoise calviniste de Ganges, en Languedoc, Fabre d’Olivet est envoyé en 1778 à Paris, où il s’installera définitivement à partir du 1786. Cet “exil” parisien a provoqué en lui une sorte de « dualité » biographique qui se transformera bientôt en vocation patriotique. Il est le premier à inventer l’adjectif “occitanique” « dans son sens complet, historique et ethnique, au terme d’une provincialisation d’Ancien Régime » [19] .
Fabre d’Olivet écrit Les amours de Rose et de Ponce de Meyrueis (posthume, publié en 1825 mais daté 1787), qu’il présente comme la traduction en prose française d’un poème narratif en occitan médiéval. En cela, il imitait le procédé littéraire qui avait si bien réussi à James MacPherson (1736-1796), dont la publication en 1760 des Fragments de poésie ancienne, recueillis dans les Hautes-Terres d’Ecosse et traduits de la langue gaélique ou Erse furent un véritable choc esthétique et restent un des événements majeurs de l’histoire de la sensibilité romantique.
C’est à partir de ce texte que Fabre d’Olivet « prend la défense de la langue qu’il ne sait pas encore nommer » et qu’il serait aisé d’arracher de la léthargie : « La langue que l’on parle dans le Midi de la France est, sans contredit, celle qui donna naissance à la Poësie française ; personne n’ignore la gloire que se sont acquis les Troubadours et les trouvaires de Provence » [20] .
En 1799, en suivant le même stratagème de traduction d’un vieux manuscrit, Fabre d’Olivet publie Azalaïs et le gentil Aimar, l’un des premiers romans post-révolutionnaires du “genre troubadour”. C’est bien dans ce roman que le terme d’“Occitanie” est utilisé pour la première fois.
En 1803-04, à Paris, Fabre publie ensuite les deux volumes Le troubadour, poésies occitaniques du XIIIe siècle, qu’il annonce comme un manuscrit de poésies conservé à Montpellier par un certain Rescondut (ce qui signifie “caché”). En poussant à l’extrême le jeu de la mystification, il prête à Rescondut le rôle d’un Macpherson occitan. Bien conscient du jeu littéraire auquel il participe, il s’en sert pour prendre position dans la querelle alors en cours sur la paternité des poésies ossianiques, mais aussi pour divulguer un « capital poétique inconnu ou méconnu ». Il s’agit bien, selon Robert Lafont, d’une opération bien méditée et de conséquence durable car, comme Fabre d’Olivet lui-même l’explique, « ces productions originales, habilement présentées en français et revêtues d’un style convenable, pourront devenir pour les troubadours du Midi ce que le livre de poésies d’Ossian a été pour les bardes du Nord » [21] . La mystification sera dénoncée une fois pour toutes en 1824 par Raynouard.
La contribution de Fabre est également fondamentale du point de vue linguistique. Entre 1805 et 1810, victime d’une crise religieuse et intellectuelle, Fabre d’Olivet se convertit à la théosophie, abandonne la littérature et se dédie entièrement à l’histoire et à l’étude des langues. Il a été l’un des premiers à montrer l’utilité, pour la science historique, de l’étude comparée des langues. C’est dans son œuvre La Langue d’Oc rétablie (1817, pendant de sa Langue hébraïque restituée, 1815), et compl2étée par un Vocabulaire de la langue d’oc, que Fabre d’Olivet s’avance dans le sens du comparatisme linguistique et où il fixe la langue d’un domaine qui va « des Alpes aux Pyrénées » [22] . Son but : restaurer la langue d’oc dans sa dignité écrite et prouver que la langue française doit à la langue d’Oc « tous ses primitifs ».
Animé par une sorte d’amour viscéral pour sa langue et pour sa terre natale, Fabre d’Olivet s’efforce le premier d’apporter des preuves sur la continuité de la langue d’Oc, en fondant ainsi l’identité historique de l’occitan. D’un point de vue strictement linguistique, son Vocabulaire de la langue d’Oc est un ouvrage-clé, puisqu’il marque le passage entre les recherches du XVIIIe siècle, « où l’idéal d’une grammaire générale côtoie l’essor des études intérêts historiques et étymologiques », montrés par les travaux de l’abbé Féraud (Dictionnaire critique de la langue française, Marseille 1787/88) et de Rochegude, et « le point de vue comparatiste introduit par Raynouard et Diez » [23] .
Outre leur participation à l’essor de la linguistique romane française au début du XIXe siècle, Fabre d’Olivet et Raynouard contribuent à fixer un cliché qu’ils ont hérité du XVIe siècle et qui sera en vogue au XIXe siècle : celui qui fait de la poésie d’oc la mère des poésies européennes et de la langue d’oc la mère de toutes les langues romanes, y compris du français [24] . Portés par la vague de la mode médiévale, ils exhument la langue des troubadours pour en faire une des langues les plus dignes d’Europe, parce que l’une des plus anciennes. Dans ce contexte, le Troubadour de Fabre d’Olivet représente tout à la fois une œuvre de la modernité et un réveil d’une tradition. Il ouvre le « volet de “l’époque troubadour” », un volet français et parisien car Fabre, comme Raynouard, est un auteur de la scène parisienne ; mais aussi européen car, c’est le moment où Madame de Staël et son entourage se passionnent pour les littératures du Nord et du Midi, les troubadours, et le christianisme médiéval [25] .
Un autre auteur contemporain participe à la redécouverte du monde médiéval et de la littérature des troubadours. Il s’agit de l’albigeois Henri-Pascal de Rochegude (1741-1834), épigone de Raynouard et auteur du Parnasse occitanien (1819). Grâce à ses travaux, caractérisés par « une rigueur de méthode toute nouvelle », il marque une progression importante dans l’édition critique des textes [26] .
En parcourant les textes de Rochegude, on peut lire que l’Occitanie ce sont « tous les pays dont les peuples disaient hoc pour oui », lorsqu’à la fin du XIIe siècle on divisa la France en deux langues : « c’est dans cette grande partie qu’ont fleuri les troubadours » [27] .
Tout en se situant dans le sillage de redécouverte de la littérature troubadouresque inaugurée par l’Histoire littéraire des troubadours, de Sainte-Palaye et publiée en 1774 par l’abbé Millot, Rochegude s’en détache par son élan critique et son souci de véracité. Dans la préface de son ouvrage, il assume une attitude très critique envers ses prédécesseurs. Bien qu’il reconnaisse, par exemple, à Lacurne de Sainte-Palaye (1697-1781) le mérite d’avoir voulu faire revivre les troubadours en réunissant tout ce qui pouvait illustrer la grandeur littéraire du Moyen âge, il lui reproche de ne pas être arrivé à exécuter correctement son plan. Selon Rochegude, cet échec s’explique principalement par le fait que Sainte-Palaye connaissait le vieux français, mais pas parfaitement « l’occitanien » : dans son texte, une grande quantité de mots a été mal interprétée ou laissée sans explication, ce qui démontrerait que le traducteur a « plus souvent deviné qu’entendu son texte ». Et si l’opinion portée par Rochegude sur l’œuvre de traduction de Saint-Palaye est tiède, le même manque d’enthousiasme est affiché aussi pour le travail de l’éditeur, l’abbé Claude-François-Xavier Millot (1726-1785), ancien jésuite et “immortel” de l’Académie Française depuis 1777. Rochegude l’accuse d’impéritie, de négligence, et de défaut de méthode [28] .
Poussé par ces considérations, Rochegude décide alors de publier lui-même un choix de poésies des troubadours, qu’il considère « un présent agréable, non seulement aux savans de la France, mais encore à ceux du Midi de l’Europe, dont les idiomes ont une source commune avec celui des troubadours » [29] . Décidé à dépoussiérer toutes les connaissances que l’on possède en la matière, Rochegude commence par donner une définition exacte de ce qu’il faut entendre sous la dénomination de “troubadours” : il s’agit bien de « tous les poètes des provinces situées au midi de la Loire, qui composèrent en langue vulgaire, depuis le XIe siècle jusques à la fin du XIII ». Selon lui, les troubadours commencèrent à romaniser déjà au Xe siècle, dès le temps d’Hugues Capet, « et à courir la France, débitant leurs romans et leurs fabliaux composés en langage romain ; car alors les provençaux avaient plus d’usages des lettres que le reste des Français ». Nul doute, par ailleurs, que le Français méridionaux ont été « sinon les inventeurs, du moins les restaurateurs de la poésie vulgaire »[30] . Vers la fin du XIIIe siècle, les troubadours cessèrent de composer, en raison d’une guerre atroce, la Croisade des Albigeois, qui priva les Toulousains d’une cour brillante et qui plongea les états de Raimond VI (1156-1222) dans la désolation et la ruine.
Plongé dans le passé pour exalter la supériorité de la langue et de la littérature méridionales, Rochegude ne peut que constater l’état de décadence et d’oubli dans lequel elles sont tombées. Il publie donc son anthologie dans le but de faire revivre la gloire littéraire occitane et de sortir les troubadours du souvenir nostalgique et du regret dans lesquels ils ont été enfermés [31] . Pourtant, il n’est pas en situation d’imaginer un devenir littéraire ou politique autonome pour l’Occitanie, inévitablement conditionné par une appartenance pluriséculaire des pays de langue d’oc à la monarchie française. Ce conditionnement le pousse donc à construire une Occitanie littéraire, dont les limites ne dépassent pas ceux d’un souvenir historique idéalisé.
Raynouard, Fabre d’Olivet et Rochegude sont porteurs d’une idée très répandue, à savoir que, par sa perfection et sa pureté, la langue d’oc serait l’ancêtre directe et légitime de la langue française. Cette idée, diffusée notamment au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, plongeait ses racines dans le “mythe de la langue des troubadours”, née dès le XVIe siècle d’un sentiment d’aliénation vis-à-vis de la langue d’oc : le sentiment de profond enracinement dans la conscience linguistique était, en fait, contrasté par le sentiment de son extranéité [32] .
L’idée de la primauté de la langue d’oc sur la langue française trouve donc sa légitimation “scientifique” dans les travaux, comme celui de Raynouard, visant à établir la langue romane comme langue vernaculaire la plus proche du latin, idée courante déjà chez différents auteurs de la première moitié du XVIIIe siècle [33] . L’autre élément d’originalité présent dans le courant d’études romanistes du début du siècle est leur intérêt philologique pour des langues que l’on considère déjà mortes. Dans ce genre d’études, l’attention n’est pas focalisée sur la langue parlée, mais sur l’écrit, c’est à dire sur le “monument” de la langue. Ces savants de province célèbrent la vieille langue d’oc, non pour justifier une quelconque intention d’ordre politique, mais pour revaloriser les « patois ». Néanmoins, les travaux de Raynouard conservent un intérêt historique, puisqu’il fut « le premier à appeler l’attention des savants sur la culture occitane médiévale, à chercher quelle parenté établir entre les différentes langues romanes et à tenter d’inscrire les différents parlers issus du latin dans une filiation historique » [34] .
Si, selon la remarque de Iordan Orr, François Raynouard fut le père des études romanes d’un point de vue chronologique, le philologue allemand Friedrich Diez (1794-1876) est considéré comme le vrai fondateur de la discipline. C’est avec la publication des trois volumes de sa Gramatik der romanischen Sprachen (1836-1843), où il applique la méthode comparative de Bopp et celle historique de Grimm, que Diez fonde scientifiquement la romanistique [35] . Diversement de Raynouard, qui faisait descendre les langues néo-latines d’une langue romane primitive qu’il identifiait avec l’ancien provençal, Diez distingue six langues romanes, toutes ayant dans le latin leur première et principale source : deux à l’est, l’italien et le valaque ; deux à sud-ouest, l’espagnol et le portugais ; deux à nord-ouest, le provençal et le français [36] . Alors que les Romains « nommaient leur langue latina », et rare est l’utilisation du nom de langue romana, explique Diez, « l’expression de “langues romanes” n’a été consacrée comme désignation générale de tous les idiomes sortis du latin que dans ces derniers temps et en Allemagne » [37] .
Une des nouveautés principales introduites par Diez a donc été celle de rapprocher l’histoire du français à celle des autres langues romanes [38] . Comme Henning Krauss le souligne, le parti pris que le concept de la romanistique avait pour base se trouvait dans le fait que « la langue et la littérature françaises, dominantes en Europe et surtout en Allemagne depuis des siècles, pouvaient, en quelque sorte, être noyées dans la mer de la néo-latinité ». De plus, l’admission de la présence de deux langues de même rang (le provençal et le français) sur le territoire français constituait un coup délivré contre l’unité et l’indivisibilité de la République française [39] .
En 1869, la Société pour l’étude des Langues Romanes (SLR) est créé à Montpellier. La société a pour objet l’étude de la langue romane ancienne et moderne du Midi de la France, et vise à renouer la tradition et surtout à perpétuer le goût et la connaissance de la langue du Midi et de sa littérature à toutes les époques. La Revue des langues romanes (RLR), organe de la Société, sera la première revue française à être entièrement dédiée aux travaux de philologie et linguistique romanes.
Dans le sillage du succès obtenu par les études relatives aux dialectes provinciaux, et notamment par les travaux sur les langues méridionales publiés à Paris et en Allemagne, la SLR choisit comme domaine spécial de ses recherches « tous les pays où se parlait et où se parle encore un dialecte quelconque de la langue d’oc » [40] . La société vise à étudier la littérature du Midi de la France en suivant la méthode des Raynouard et des Fauriel, c’est-à-dire en appréciant la littérature des troubadours à travers l’étude de sa langue et de la société dont elle était l’expression [41] . Stimulée par la renaissance triomphale de la littérature en langue d’oc, en particulier par le succès extraordinaire obtenu par le poète provençal Frédéric Mistral (1830-1914), la SLR ambitionne à surmonter la difficulté que les études philologiques rencontrent en province à cause de l’absence d’un enseignement philologique en dehors de Paris et de l’Allemagne.
L’organisation d’un Concours philologique et littéraire ouvert à toutes les variétés de la langue d’oc (1875), sa bataille en faveur de la création d’une chaire de langue romane dans le Midi de la France, ainsi que l’enquête menée par Charles de Tourtoulon et Octavien Bringuier dans le but de déterminer la limite géographique qui sépare le domaine de la langue d’oc de celui de la langue d’oïl sur le territoire français (1873), sont autant d’épisodes qui témoignent non seulement de l’intense activité scientifique et littéraire promue par la SLR, mais aussi de ses ambitions à se situer sur le devant de la scène nationale et internationale par son activité philologique et linguistique.
La création de la SLR constitue un événement remarquable dans le cadre des études des langues romanes en France, en raison de son objectif d’aborder l’étude de toutes les langues néo-latines. En outre, l’ambition de la SLR de sortir du territoire français va de pair avec celle de se placer dans le cadre scientifique international. Car son lien avec les institutions universitaires françaises se double d’une sollicitude constante à adopter « les normes du travail de recherche de niveau international », témoigné aussi par le rapport étroit entretenu avec la linguistique romane allemande [42] . Enfin, l’intérêt pour la langue et la littérature d’oc anciennes et modernes permet à la SLR de se placer dans la droite ligne des études historico-comparatives inaugurées par Raynouard, mais aussi de fournir une caution scientifique à la création littéraire en langue d’oc.
A l’époque de la création de la SLR, le monde académique philologique français est dominé par Gaston Paris (1839-1903) et Paul Meyer (1840-1917), tous les deux issus de la prestigieuse école Nationale des Chartes et ayant suivi les cours du grand romaniste Friedrich Diez en Allemagne [43] . Le monopole et l’influence qu’ils exercent sur le milieu universitaire parisien et sur le monde savant en général les convertit en deux figures incontournables des études linguistiques.
Suite à la réorganisation du système scolaire et universitaire amorcée à partir des années 1870, les recherches de linguistique historique assument en France un rôle national, secondé par la création de la Société de Linguistique de Paris et de revues telles la Revue critique et Romania. La professionnalisation des recherches linguistiques, qui se fait à travers les séminaires de l’école Pratique des Hautes études, et qui a la tâche de former les nouvelles élites savantes de la République, témoigne à la fois de la volonté politique de monopoliser un terrain d’études laissé jusque-là dans les mains des érudits de province, mais aussi de créer ex nihilo une école française de linguistique romane en occultant toute activité antérieure [44] .
En 1872, Gaston Paris et Paul Meyer créent donc Romania en faisant leur le concept allemand de la romanistique [45]. Contrairement à la Revue des Langues Romanes, vouée principalement à la phonétique et à la dialectologie, ainsi qu’à la littérature populaire en langue d’oc moderne, Romania se spécialise dans l’étude de l’ancien français et de l’ancienne littérature française [46] . Et tandis que les membres de la SLR revendiquent la valeur et l’utilité des formes modernes de la langue d’oc dans l’étude et la compréhension de la langue d’oc ancienne, les philologues réunis autour de Romania nient catégoriquement qu’elles aient un quelque intérêt. Dans le but d’énoncer « les différents articles de la science nouvelle » et de réprimander « toute infraction théorique et méthodologique », Romania se livre donc à des comptes rendus sévères.
Dans le premier numéro de la revue, Gaston Paris retrace l’histoire, le sens primitif, les applications successives et les formes diverses du mot “roman” et justifie ainsi le titre du recueil.
Le mot “Romania”, explique-t-il, qui embrasse sous un nom commun l’ensemble des possessions des Romains, « a servi particulièrement à désigner l’empire d’Occident, quand il fut détaché de celui de Constantinople ». C’est par conséquent un mot bien choisi pour dire le domaine des langues et des littératures romanes, et c’est en ce sens qu’il est employé dans la revue. L’union des nations romanes, continue-t-il, « n’a pas pour base une communauté de race » (comme chez les Germains et les Slaves), mais plutôt une communauté de civilisation. La Romania est donc un produit tout historique. Au principe de nationalité fondée sur l’unité de race, « qui ne repose que sur une base physiologique », s’oppose le principe qui fonde « l’existence et l’indépendance des peuples sur l’histoire, la communauté des intérêts et la participation à une même culture ». Ce dernier principe « oppose le libre choix et l’adhésion qui provient de la reconnaissance des mêmes principes à la fatalité de la race ; il est éminemment progressif et civilisateur, tandis que l’autre sera toujours par son essence conservateur et même exclusif ». Héritières de Rome, les nations romanes « ont pour mission de représenter dans le monde moderne l’idée d’une cité commune, entrevue par les Romains, en la fondant sur des bases plus solides » [47] . Cette communion de civilisation qui lie entre elles les nations romanes et qui était visible au moyen age, n’existe plus aujourd’hui. C’est pourquoi il est nécessaire de faire revivre cette civilisation à travers l’étude des langues et des littératures romanes.
L’avant-propos de Gaston Paris répond à des exigences politiques et semble avoir trois objectifs principalement. Tout d’abord, suite à la défaite de 1870, rappeler la supériorité de la civilisation romane – à laquelle la civilisation française appartient “naturellement” – plus progressive et éclairée que la germanique, dont la nationalité est exclusivement « un produit de sang ». Deuxièmement, rendre aux nations romanes leur droit de priorité sur les études romanes, alors qu’à l’époque, la prééminence des Allemands en ce domaine était évidente et réelle. Troisièmement, en rejetant la définition ethnico-linguistique de la communauté nationale et en rapportant la nationalité française à une communauté de civilisation, Gaston Paris veut écarter d’emblée la possibilité que de telles hypothèses (raciales et linguistiques) puissent entraver le processus de construction de l’unité nationale française.
Il y a, entre la RLR et la Romania, une profonde opposition de type « théorique/idéologique » qui reflète la différente conception que les deux groupes ont de la langue d’oc, et qui a sa raison d’être dans la négation, de la part des intellectuels réunis autour de Romania, d’une limite entre dialectes, voire de l’existence même des dialectes. Cette théorie, élaborée jadis par Emile Littré dans une série d’articles sur la langue française apparus dans le Journal des Savants entre 1856 et 1858, rompt avec les théories professées jusque-là. Selon le système proposé par Littré, puisque « le français et le provençal proviennent “naturellement” du latin et leur répartition obéit à une “loi de dégradation géographique” », il en découle aussi que « le concept de limite entre les différents dialectes n’a pas de sens » [48] . Cette théorie sera acceptée sans réserves par Paul Meyer et constituera la base de son étude sur la langue d’oc et ses dialectes au Moyen Age, publiée en 1874 :
il faut renoncer à déterminer une série de dialectes à limites précises. Toutes les circonscriptions dialectales ou sous-dialectales qu’on puisse décrire dans le Midi de la France n’auraient qu’une valeur conventionnelle : non que nos moyens d’information soient impuissants à découvrir ces circonscriptions si elles existent, mais simplement parce qu’elles n’existent pas[…]. En fait, cette division en dialectes est plus nuisible qu’utile […].
L’étude de notre roman méridional ne perdra rien à être débarrassé de cette division fictive en dialectes. La langue apparaîtra dans sa variété infinie non point semblable à un ouvrage de marqueterie composé de morceaux aux couleurs tranchées, mais comparable plutôt à un tableau dont les teintes se fondent par d’insensibles transitions, sans que l’œil puisse saisir le point où des nuances se rencontrent [49] .
De même, Meyer nie l’existence de deux espaces bien définis, l’un appartenant au domaine d’oc, l’autre au royaume de la langue d’oïl [50] .
L’exemple de Romania permet donc de voir comment le nationalisme français impose son hégémonie sur les réalités locales à travers la science linguistique – la constitution de la linguistique romane a en effet autant d’importance pour la nation française en voie de construction que pour les occitans. C’est pourquoi dans les années 1870, on assiste à la volonté des linguistes parisiens de marginaliser leurs collègues montpelliérains en dédaignant leurs travaux. Surtout suite à la défaite contre la Prusse et la dure expérience de la Commune en 1871, l’absence chez le peuple français d’une conscience véritablement nationale – c’est-à-dire le sentiment de constituer un “ensemble cohérent et intrinsèquement homogène” – commence à être ressentie comme un obstacle à la régénération morale et à la reprise matérielle de la France. Dans une période où l’on est en train de bâtir l’édifice de la culture nationale, soutenir l’existence de deux réalités linguistiques différentes à l’intérieur du même état représente, bien évidemment, une menace réelle pour les élites politiques françaises.
[1] P. Pasquini, Les Pays des parlers perdus, Montpellier, Les presses du Languedoc, 1994, p. 5. Retour
[2] H. Jeanjean, « Romantisme et nationalisme », dans C. Torreilles (éd.) L’Occitanie romantique, Bordes, CELO, 1997, p. 257. Retour
[3] Occitan, c’est le nom que l’on donne aujourd’hui à l’ensemble des parlers romans du Midi de la France (à l’exception du catalan, parlé dans le Roussillon). L’occitan a été unifié en une langue “normalisée” qui fait droit cependant aux variations dialectales (provençal, languedocien, gascon, auvergnat, limousin). Retour
[4] G. Kremnitz, Fabre d’Olivet. La langue d’oc rétablie. Grammaire, Wien, Braumüller, 1988, p. XXXVII. Retour
[7] G. Rohlfs, « La langue d’oc, carrefour des langues romanes », Actes et mémoires du III Congrès international de langue et littérature d’oc, Bordeaux, 3-8 septembre 1961, t. I, p. 95. Retour
[8] M. Perugi, « Histoire de la réflexion sur les langues romanes : l’occitan », dans Romanische Sprachgeschichte/Histoire linguistique de la Romania, De Gruyter, 2003, t. I, p. 248. Retour
[9] P. Pasquini, 1994, pp. 67-68. Retour
[10] F.J.M. Raynouard, « Introduction », Choix des poésie originales des troubadours, Paris, Imprimerie de Firmin Didot, 1816, t. I, p. V. Retour
[11] J.M. Graham, « National Identity and the Politics of Publishing the Troubadours », dans R.H. Bloch et S.G. Nichols (éds.), Medievalism and the Modernist Temper, Baltimore and London, The Johns Hopkins University Press, 1996, pp. 58-59. Retour
[12] D. Baggioni, « Raynouard et sa postérité : les rendez-vous manqués de la linguistique romane française avant sa professionnalisation “parisienne” », Lengas, n. 42, 1997, p. 59-81. Retour
[13] A.W. de Schlegel, Observations sur la langue et la littérature provençales, Paris, Librerie grecque-latine-allemande, 1818, p. 40. Retour
[15] J.M. Graham, 1996, pp. 60-61. Retour
[16] M. Glencross, « Relic and Romance : Antiquarianism and Medievalism in French Literary Culture, 1780-1830 », The Modern Language Review, vol. 95, n. 2, avril 2000, p. 346. Retour
[17] H.U. Gumbrecht, « “Un souffle d’Allemagne ayant passé” : Friedrich Diez, Gaston Paris and the Genesis of National Philologies », Romance Philology, vol. 40, n. 1, 1986, pp. 1-37. Retour
Retour[18] G. Kremnitz (éd.), 1988, pp. LXVIII. Retour
[19] R. Lafont, « Fabre d’Olivet. “L’Ossian d’Occitanie” », Amiras/Repères occitans, n. 2, 1982, pp. 46-48Retour
[20] G. Kremnitz (éd.), 1988, pp. XIV-XV. Retour
[21] R. Lafont, 1982, p. 46. Retour
[22] A. Fabre d’Olivet, La Langue d’Oc rétablie (1817), Ganges, Editions David Steinfeld, 1989, préface par David Steinfeld, p. XVI. Retour
[23] M. Perugi, 2003, p. 247. Retour
[24] R. Lafont, La revendication occitane, Paris, Flammarion, 1974, p. 103. Retour
[25] R. Lafont, « Fabre d’Olivet », 1988, p. 48. Retour
[26] J. Gourc, « Rochegude et l’“Occitanie retrouvée” », dans C. Torreilles (éd.), L’Occitanie romantique, Bordes, CELO, William Blake & Co., 1997, p. 15 sqq. Retour
[27] H.-P. de Rochegude, Le parnasse occitanien, Toulouse, Benichet Cadet Imprimeur-Libraire, 1819, p. XLVI-XLVIIRetour
[30] Ibid., p. XIX sqq. Retour
[31] J. Gourc, 1997, pp. 20-22. Retour
[32] M. Perugi, 2003, pp. 247-248. Retour
[33] La thèse du « roman primitif » est acceptée non seulement pour l’occitan, « mais aussi pour d’autres variétés qu’on cherche à rapprocher de celui-ci (le catalan pour Bastero, le frioulan pour Fontanini, le rhêto-roman, le frioulan, le catalan pour Fernow) ; plus tard, Joseph Planta et Gian Rinaldo Carli identifient le “vulgaire roman commun” avec le patois de Grisons » ; ibid., p. 248. Retour
[34] G. Bergounioux, Aux origines de la linguistique française, Paris, Pocket, 1994, p. 58. Retour
[35] I. Orr, An Introduction to Romance Linguistics, Berkeley and Los Angeles, University of California Press, 1970, p.11. Retour
[36] F. Diez, Grammaire des langues romanes (traduite au français par A. Brachet et G. Paris), Paris, Librairie A. Franck, 1874, p. 1. Retour
[38] M.H. Krauss, « La littérature française au cœur de la Romania. Les revues universitaires allemandes », Cahiers de l’Association internationale des études françaises, Vol. 51, n. 1, 1999, pp. 65-72. Retour
[40] Bulletin de la SLR, 1870, t. I, p. 8-9. Retour
[41] « Compte rendu des travaux de la Société pour l’étude des langues romanes depuis sa fondation jusqu’au 31 octobre 1869 lu dans la séance du 3 novembre 1869 par M. Charles de Tourtoulon, vice-président » (Annexe au Bulletin de la SLR, 1870). Retour
[42] D. Baggioni, « De Coquebert de Montbret et Raynouard au duo G. Paris/P. Meyer : Aux sources de la linguistique et dialectologie romanes françaises », Revue des Langues Romanes, tome C, n. 1, 1996, p.144. Retour
[43] G. Brun-Trigaud, Le croissant : le concept et le mot, Université Lyon III, Centre d’études linguistiques Jacques Goudet, 1990, p. 152. Retour
[44] D. Baggioni, op. cit., p. 144-147. Retour
[45] Krauss, 1999, p. 66. Retour
[46] L. Kukenheim, Esquisse historique de la linguistique française et de ses rapports avec la linguistique générale, Leiden, Universitaire Pers, 1966, p. 88. Retour
[47] Romania, 1872, p. 16 sqq. Retour
[48] G. Brun-Trigaud, 1990, p. 151. Retour
[49] P. Meyer, étude sur la langue d’oc et ses dialectes au Moyen Age, cité dans ibid., p. 157. Retour
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